Cinéma

100 ans de stop motion : qu’est-ce qui a changé ?

Par Sébastien

Le stop-motion existe depuis désormais plus de 100 ans ! 
De sa création jusqu’à aujourd’hui, découvrez l’évolution et les progrès de cette technique d’animation qui n’a pas fini de nous surprendre.

Les débuts du stop motion

Alors que l’animation traditionnelle  voit le jour pour la première fois avec Emile Reynaud et ses premiers dessins animés en 1892, c’est en 1906 que le stop motion fait ses premiers pas aux yeux du monde. Et c’est James Stuart Blackton qui a le génie de sa découverte. 

Alors que son prédécesseur animait son film en dessinant directement sur la pellicule, James Stuart Blackton décide de filmer image par image des dessins à la craie sur un tableau noir. A chaque trait sa photo, puis un coup d’éponge pour effacer, un nouveau trait, et l’animation est née !

« Humorous Phases of Funny Faces » (Phases humoristiques de visages drôles) devient alors le tout premier film d’animation en stop-motion de l’histoire du cinéma ! 

On l’a retrouvé pour vous :

Cependant, bien qu’en principe, ce film est effectivement réalisé en stop-motion, il s’apparente encore à de l’animation traditionnelle, autrement dit au dessin animé. 

Il faudra attendre l’année suivante, en 1907, pour que James Stuart Blackton revienne avec un nouveau film, « The Haunted Hotel » (l’hôtel hanté), en posant définitivement les bases de l’animation en volume, le stop motion tel qu’on le connait aujourd’hui.

Voici le film :

Ici, tous les ingrédients sont présents : les objets sont animés image par image, l’animation a cette imperfection qui fait toute son authenticité encore aujourd’hui, et on y voit même la toute première marionnette animée en stop-motion de l’Histoire : un pantin de bois ! 

Le cinéma s’empare alors de la technique, et celle-ci est expérimentée par de nombreux réalisateurs qui se prêtent au jeu et la perfectionnent petit à petit en innovant toujours plus. 

Années 20 et 30 : démocratisation du stop motion

C’est 20 ans plus tard, avec les sorties consécutives des films « Le Monde Perdu » en 1925 puis « King Kong » en 1933, réalisés par Willis O’Brien, que le stop motion connait sa véritable percée dans le monde du cinéma.

Il est adopté parce qu’il s’agit d’un moyen facile de réaliser des effets spéciaux et d’obtenir des résultats impressionnants (pour l’époque). Combinées à la technique du fond vert, les possibilités sont énormes !

Ces films sont suivis de près par la sortie de « Barbe-Bleue » en 1936, un film de 13 minutes entièrement réalisé en pâte à modeler, réalisé par Jean Painlevé.

Années 40 à 80 : créatures en stop motion

Ce sont ces films qui inspireront celui qui deviendra l’un des plus grands noms du stop motion au cinéma par la suite : Ray Harryhausen

monstre du 7e voyage de sinbad

Le monstre du « 7ème Voyage de Sinbad », animé en stop-motion par Ray Harryhausen.

Ray Harryhausen travaille comme concepteur d’effets spéciaux spécialisé dans le stop motion. A ce titre, il participe à 16 films, sur une période s’étendant sur 40 ans !

Entre Le 7ème Voyage de SinbadL’Île Mystérieuse ou bien Jason et les Argonautes, il peaufine son art et repousse les limites des effets spéciaux au cinéma.

De 1942 à 1981, il crée des animations spectaculaires qui marquent les esprits et inspirent toute une génération de cinéphiles. Il est considéré comme un pionnier du stop motion. 

Années 80 : le stop motion dans la science-fiction

Dans les années 80, la science-fiction au cinéma explose. Raflant tous les records, ce genre gagne un engouement énorme du public, et le stop motion s’adapte parfaitement à cette démocratisation.

La technique est notamment utilisée pour donner vie aux AT-AT dans Star Wars, épisode V : L’Empire contre-attaque, mais aussi au robots de Robocop et au Terminator dans le premier film de la saga éponyme !

Cependant, cette époque vit en même temps d’énormes avancées dans les effets spéciaux grâce à l’animation 3D, une technique moins contraignante et plus flexible qui rafle définitivement la vedette au stop motion. 

Années 90 - 2000 : le second souffle du stop motion

La 3D domine dans l’industrie cinématographique pour ses effets de qualité toujours plus impressionnante. 

Mais alors qu’on aurait pu croire que le stop motion disparaîtrait des horizons après un plus qu’honorable siècle de vie, cette technique va prouver sa valeur une fois de plus.

Certains continuent de croire en l’authenticité de cette technique, trouvant les effets spéciaux en 3D trop « lisses », trop « parfaits ». Le stop motion évolue, s’adapte à son temps comme il l’a toujours fait. C’est une Renaissance. 

Des passionnés réalisent des projets de stop motion, tels que Henry Sellick avec « L’étrange Noël de Monsieur Jack » ou les studios Aardman avec leur duo iconique : « Wallace et Gromit ».
Et le public est au rendez-vous !

Le côté artisanal du stop motion est apprécié du grand public, et, cimenté par des films comme « Chicken Run » de Aardman Animations, « Les Noces Funèbres »  de Tim Burton ou « Fantastic Mr.Fox »  de Wes Anderson, le stop motion gagne une place hors du temps.

Une technique qu’on est heureux de retrouver dans les quelques projets de passionnés qui l’emploient.

Une vidéo qui explique la raison de l’engouement récent pour le stop-motion au cinéma.

Cependant, ce n’est pas tout ce qui contribue a graver cette technique dans la légende…

Le stop motion... à la maison ?

Jusqu’ici, nous n’avons parlé du stop motion que dans son histoire sur le grand écran.
Or, les longs-métrages sont loin d’être l’unique facette de cette technique d’animation.

Revenons en arrière, en 1973. 

Lars et Henrik Hassing sont deux cousins âgés de 10 et 12 ans et ils cherchent une idée de cadeau pour l’anniversaire de mariage de leurs grands-parents. 

Lars est fan de cinéma, et il a lu un livre de plus de 500 pages intitulé « Jeg smalfilmer » sur l’art du cinéma, ainsi que du stop motion.

Les deux cousins passent leur temps a jouer aux Lego pour construire toute sorte de choses, comme par exemple des fusées afin de reproduire le programme Apollo, diffusé a l’époque. 

Lars et henrik hassing

Une idée leur vient alors : et si ils réalisaient leur propre film en stop motion, avec des Lego ? 

Après tout, la technique est simple à réaliser à condition d’y mettre le temps nécessaire. 
Et c’est ainsi que « En rejse til månen » (Journey to the Moon), le tout premier Brickfilm, fut réalisé par des enfants de 10 et 12 ans.

Et oui ! Car comparé à l’animation en 3D, ou même en 2D, l’animation en stop motion est accessible à tous ! N’importe qui peut prendre un appareil photo et animer un mouvement.
Et c’est la qu’est toute la force du stop motion.

Avec l’arrivée d’Internet et la possibilité de partager à tous ses propres créations, le stop motion amateur s’est créé sa petite communauté. Les gens partagent leur films, en apprennent plus sur le sujet, découvrent de nouvelles techniques, bref : le stop-motion gagne un tout nouveau souffle. Un souffle frais, poussé par la créativité, l’expérimentation, la débrouille…

Et les courts-métrages pullulent sur Internet, la communauté s’agrandit, les plateformes vidéos apparaissent et avec des chaînes spécialisées dans la technique, des tutoriels, des talents !

Le stop motion aujourd'hui

Aujourd’hui le stop motion possède une grande communauté. Qu’il soit dans un projet amateur ou professionnel, en Lego ou en pâte à modeler, le stop motion vit encore, plus de 100 ans après sa création, et n’est pas prêt de mourir. 

La technique continue encore de s’améliorer, de se renouveler, et de s’adapter à son temps, comme elle l’a toujours fait. C’est une technique simple, accessible, avec une pointe de magie 😉

Alors, qu’est ce qui vous empêche de vous y lancer ?

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