Coralli Grieu est une Puppet et Prop Maker pour des films d’animation en stop motion.
Son travail consiste a créer les Puppets et accessoires nécessaires pour un projet de stop motion.
Elle a notamment travaillé avec Victor Haeglin sur de nombreux projets, ainsi que sur de nombreux autres projets au fil de sa carrière.
Elle tient aussi une page Instagram sur laquelle elle partage son travail qui réunit presque 5000 followers.
Aujourd’hui, elle a accepté de nous accorder une interview.
1- Qu'est ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?
Enfant des années 90, j’étais une très grande fan des Wallace et Gromit et autres Pingu, et même Oui Oui, et y’avait aussi Colargol … Tout ce qui bougeait dans un décor, même si l’histoire n’était pas fofolle, pour certains… J’étais captivée !
À l’époque, pour moi un travail c’était pas fun d’ailleurs je ne me doutais pas un seul instant que cela pouvait être un métier ! C’était complètement hors de portée .
C’est bien plus tard, au festival d’Annecy , j’ai vu tous ces films, cette effervescence, ces professionnels de l’animation !!! Alors j’ai moi-même expérimenté et j’ai vu que j’en étais capable.
Et là, une toute petite graine miniature à germée … avec la perspective éventuelle que je pouvais en faire mon métier. Mais j’hallucine encore vachement beaucoup !
2- Quelle formation avez-vous suivie ?
Mon parcours n’est pas des plus conventionnel… Mais au fil de mes rencontres dans le milieu, je m’aperçois que les profils sont très variés et je trouve très enrichissant de travailler avec des personnes avec des carrières plutôt atypiques.
Après le bac, j’étais vraiment perdue. Selon ma conseillère d’orientation, je devais me diriger vers une branche artistique… Mais pour faire quoi ?
Mon côté pragmatique m’a rattrapée et en 2004, je me suis lancée dans un BTS audiovisuel en alternance.
À 22 ans, fraîchement diplômée, j’ai rapidement eu la possibilité de travailler pour la télévision.
Grace au statut d’intermittent, j’avais du temps, en parallèle de mon travail de monteuse, pour tester des animations dans mon coin.
Je me suis inscrite à des cours du soir en cinéma d’animation, en sculpture, je me suis lovée dans le Survival animator’s kit de Richard Williams, j’ai épluché les blogs et autres forums comme les Fous d’anim pour comprendre les modes de fabrications et réaliser mes propres animations, mes propres marionnettes.
En 2015, j’ai eu la chance de rencontrer l’illustre Victor Haegelin et j’ai pu me former sur le tas en tant que stagiaire sur son court-métrage Captain 3D et d’autres projets s’ensuivit.
Plus tard en 2017, j’ai réalisé une formation d’accessoiriste au CFPTS, à Bagnolet, pour acquérir les fondamentaux sur les matériaux composites, le moulage… le but était de me professionnaliser dans l’idée d’arrêter totalement le métier de monteuse et de me reconvertir en marionnettiste et accessoiriste stop mo.
3- Comment procédez-vous pour fabriquer une marionnette destinée à une animation de stop motion, en particulier lorsqu'il s'agit d'une personnalité (Tom Cruise, Jean-Paul Belmondo...) ?
Les marionnettes de Tom Cruise et Belmondo on été des commandes pour des boucles d’animation pour Arte. Pour ce genre de projet, le budget et le temps sont serrés, on doit donc composer avec ce que l’on a.
Tom est en fil d’aluminium, mousse de matelas et tissus. Quant à Jean-Paul, on a récupéré une armature d’un court-métrage qu’on a habillé.
Pour les têtes, je réalise des croquis à partir de photos ou d’extraits de films que je trouve sur le net. Je cherche les signes distinctifs qui sautent aux yeux et les exagère un peu à la manière d’une caricature. J’essaie de synthétiser les caractéristiques d’un visage.
Déjà parce que je n’ai pas le temps de faire un portrait ultra fidèle et que c’est plus marrant aussi ! On fait de l’animation, on peut se permettre des loufoqueries impossibles en live !
4- Quels matériaux utilisez-vous pour vos marionnettes et accessoires ?
L’une des parties de mon travail qui me plaît à foison, c’est qu’en animation volume les matériaux sont légion ! On peut utiliser tellement de textures, de matières différentes qu’on peut se réinventer à chaque projet et apprendre de nouvelles techniques toute sa carrière. C’est passionnant !
Il a certes des contraintes physiques à respecter, mais le choix est diablement énorme !
De la pâte à modeler, à la résine, en passant par la laine, le feutre, la fourrure, le tissu, le papier… J’aime varier les propositions et appréhender différents matériaux à chaque nouveau projet.
5- Combien de temps nécessite la création d'une marionnette articulée ?
Tout va dépendre du degré de finitions, de la complexité des mouvements, des matériaux utilisés, de l’indulgence du réalisateur … Cela peut varier entre 3 jours pour une puppet express en fil d’alu et pâte a modeler et 3 mois… voire plus… pour une marionnette avec armature à rotules rutilantes chevelure ondulée et costume cintré.
6- Quelle est la facette de votre métier que vous préférez?
C’est la pluralité des compétences, je dirais. En stop-mo, c’est toujours mieux d’avoir plusieurs casquettes.
Et ça colle parfaitement à ma personnalité ! Je suis quelqu’un qui se lasse très vite et là, j’ai pas le temps de m’ennuyer il y a toujours quelques choses à apprendre, toujours des techniques à parfaire, des nouveaux matériaux à tester…
7- Quels conseils pourriez-vous donner à des jeunes qui souhaiteraient faire votre métier ?
Pour les jeunes et les vieux 😉 je dirais : Foncez ! Testez ! Fabriquez ! Regardez des films en stop motion ! Kiffez !
Merci beaucoup d’avoir répondu à cette interview ! N’hésitez pas à aller voir la page Instagram de Coralli Grieu pour suivre son travail !