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Comment Terry Gilliam animait le papier découpé pour les Monty Python

Par Sébastien

Terry Gilliam est un réalisateur, scénariste, acteur et animateur anglais, connu pour sa carrière avec les Monty Python dans les années 70, mais aussi pour sa carrière dans le cinéma dans les années qui ont suivi cette époque. 

Et si vous avez déjà vu des films  ou émissions des Monty Python, vous savez que ce groupe de comédiens avait adopté le stop motion pour ponctuer leurs narrations de petites séquences ou d’interludes d’humour absurde. 

Terry Gilliam réalisait ces animations dont nous vous montrons ici un aperçu :

terry gilliam monty python

Comment s’y prenait-il ?
C’est ce que nous allons voir aujourd’hui dans ce dossier spécial.

Le papier découpé, ou "cut-out"

Le technique de prédilection de Terry Gilliam, c’est le papier découpé, ou « cut-out » en anglais. La raison est très simple : selon lui, n’importe quel type d’animation est aussi bien que les autres pour transmettre son histoire ou raconter sa blague, et le papier découpé est celle qu’il considère comme la plus simple et la plus rapide à exécuter. 

1 - Le storyboard

La première étape, c’est le storyboard. 
Il s’agit de planifier tous les plans et les nécessités du tournage à l’avance dans une version du film dessiné plan par plan. 

Ainsi, il vous faut donc dessiner un plan, avec les personnages présents, indiquer leur mouvement s’il y en a, et sous le dessin, décrire la scène brièvement. Que ce soit les effets sonores, les dialogues, ou simplement le temps que prendra approximativement un mouvement ou d’autres précisions.

L’important c’est que ce soit clair pour vous, et que ça vous donne une bonne idée de à quoi va ressembler votre film.
Peu importe s’il est brouillon tant que vous vous y retrouvez.

2 - Le papier à découper

Maintenant que le storyboard est fait, vous avez donc une bonne idée de ce dont vous aurez besoin pour votre film. Vous saurez quels seront vos personnages, vos décors et autres accessoires qui pourraient être nécessaires. C’est donc l’heure de les trouver.

Les personnages

Pour Terry Gilliam, il est possible de trouver des bons personnages n’importe où. Dans des magazines, dans des albums photos, dans des livres… Tout ce qui vous inspirera sera parfait.

Pour sa part, les vieilles photos sont un très bon choix, les têtes y sont impactantes et parfaites pour une animation avec du caractère. Surtout, il ne faut pas hésiter à combiner différents personnages, un buste sur un corps différents, un portrait sur un corps de cartoon. Le but est de créer un décalage.

Les décors

Que ce soit dans des magazines, des bande dessinées, des cartes postales, les décors peuvent se trouver n’importe où aussi, et l’imagination peut y jouer un grand rôle.
Il est possible de prendre une image et d’en détourner totalement le contexte pour en faire un tout autre univers.

De simples parfums peuvent devenir une ville futuriste avec de l’imagination et de l’ingéniosité. L’échelle devient alors un élément de jeu très important. 

Découpage

Une fois vos personnages trouvés, il vous faut les découper. Une paire de ciseaux fait très bien l’affaire, bien qu’un scalpel ou un cutter peut être plus précis.

Attention cependant à ne pas oublier de noircir les bords de vos papiers à l’aide d’un marqueur. Ce procédé est très important pour donner un contraste à vos images et éviter les reflets, afin de maintenir l’illusion et la magie du film. Sans eux, vos personnages rocambolesques ne seront plus qu’un bout de papier sur un autre bout de papier.

3 - Le tournage

Organisation

L’organisation de votre décor est important. La technique du « cut-out » peut être assez désordonnée, étant donné qu’il s’agit de plein de morceaux de papiers qui traînent. 
C’est donc important de s’organiser pour être le plus efficace possible et ne rien perdre dans un fatras de papiers. Pour cela, il est possible de scotcher les éléments correspondant à un même personnage ensemble, ou même de les regrouper dans des enveloppes.

Une fois vos personnages disposés sur votre décor, vous remarquerez un des problèmes principal de cette technique d’animation : les ombres.
Du papier sur du papier, ça créé des ombres, et les ombres sont mauvaises pour l’animation.  Pour pallier cela, Terry Gilliam a plusieurs solutions. 

Tout d’abord, il conseille de placer vos lumières le plus haut possible, une de chaque côté, ainsi que d’avoir un décor très large, afin d’éviter un maximum les ombres.

Ensuite, il conseille d’utiliser une plaque, de verre ou de plexiglas, à poser sur votre décor afin de maintenir tous vos éléments à plat et en place.
Attention cependant à bien scotcher vos éléments pour qu’ils restent en place lorsque vous retirerez la plaque pour animer.

Terry Gilliam utilisait également un système de mesure pour calculer ses distances facilement, avec une feuille de papier de la taille du décor marquée tout les centimètres.

Mouvement

Pour ce qui est du mouvement, l’ingéniosité y est de mise à nouveau.  
La technique du « cut-out » a beaucoup de limites, mais Terry Gilliam invite a les accepter et même à en profiter !

Si c’est compliqué de faire bouger les jambes d’un personnages, mettez-lui des roues ! 
Ou bien simplement acceptez-le … et faites simplement avancer votre personnage sans bouger ses jambes, avec des rebonds pour simuler une marche. 
La triche est ici le maître-mot !

Vous voulez faire parler votre personnage ? Vous n’avez besoin que d’une bouche a faire descendre et monter ! L’avantage de cette technique est qu’elle vous permet de faire avec des choses bien plus ridicules et absurdes que d’autres techniques. 
Soyez créatif !

Voici un film réalisé par Terry Gilliam en papier découpé qui illustre sa compétence en la matière :

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